En
l’absence de thématique générale sur la gouvernance de l’enseignement supérieur
et de la recherche dans la consultation organisée par le secrétaire d’État, les
deux premières propositions sont les mêmes pour tous les items puisqu’elles
sont un préalable à tout processus de simplification et à tout progrès.
Proposition n°1 Avoir une politique claire
et ambitieuse pour l’enseignement supérieur en France
Force
est de constater que la France n’a plus ni politique ni ambition sur
l’enseignement supérieur depuis des années. Une vision à court terme, comptable
et clientéliste, l’a remplacée et se perd dans des règles tatillonnes pour
masquer sa vacuité. Simplifier c’est d’abord clarifier, clarifier le rôle, les
missions de l’enseignement supérieur en affirmant une ambition et en se donnant
les moyens de son ambition.
Proposition n°2 Nommer un ministre compétent à même de porter l’ambition du SUP
De
la poule et de l’œuf, peut-on expliquer l’absence d’ambition pour le SUP en
France par l’incompétence des ministres qui se sont succédés à sa tête ou
l’absence d’ambition pour le SUP explique-t-elle la nomination de ministres
incompétents sur le sujet ? Dans les deux cas, la simplification du SUP
suppose d’avoir une ambition portée par un gouvernement et un ministre
crédible, conditions rarement réunies depuis le début de la Vème République.
Proposition n°3 Limiter à 8 ans l’exercice
de fonctions de responsabilité pour éviter l’effet « carrière »
Une
RH simplifiée c’est d’abord une RH renouvelée. Le pilotage de l’enseignement
supérieur et de la recherche ne doit plus être une carrière comme c’est le cas
actuellement. M. Forestier, par exemple, occupe quasiment sans discontinuer
depuis 1974 des responsabilités dans la gouvernance de l’enseignement supérieur
et de la recherche, MM. Monteil et Dizambourg depuis les années 1990, M.
Mérindol depuis 1997… la liste est longue.
Pour
« simplifier » le SUP, lui donner un peu de dynamisme, la politique RH
de l’enseignement supérieur et de la recherche doit interdire d’exercer pendant
plus de 8 ans d’affilée des postes de responsabilité en direction d’un établissement
ou d’un organisme de recherche, au ministère, dans les services du ministère, dans
les multiples commissions ad hoc, comme expert ou participant aux divers
groupes d’étude chargés de faire des propositions sur le SUP. Passé un certain
délai, de 8 ans également, l’enseignant-chercheur, le chercheur ou
l’administrateur serait autorisé à reprendre des fonctions de responsabilité.
Proposition n°4 Interdire effectivement les
conflits d’intérêts et abroger l’article L952-14-1 du Code de l’éducation
Depuis
2007, les conflits d’intérêts entre public et privé ou au sein de
l’enseignement supérieur et de la recherche sont devenus la norme, favorisés
par l’article L952-14-1 du code de l’éducation qui autorise les
enseignants-chercheurs à exercer dans le privé en sus de leurs obligations de
service. Pour ne prendre que les situations les plus récentes on peut évoquer
la nomination au CEA de Vincent Berger, ancien conseiller du président François
Hollande qui a eu en charge le dossier du CEA à l’Elysée ou la promotion,
toujours au CEA, du compagnon de Geneviève Fioraso ancienne ministre du SUP et
de la recherche.
Pour
« simplifier » le SUP et préserver les intérêts du service public, il
faut abroger l’article L952-14-1 du code de l’éducation et instaurer un strict
contrôle des situations de conflits d’intérêts avec des fonctions passées ou
actuelles avant toute nomination ou promotion.
Proposition n°5 Revoir les grilles
indiciaires
Une
politique RH dynamique c’est aussi des postes attractifs, y compris du point de
vue salarial. Tel n’est plus le cas pour les enseignants-chercheurs ou les
chercheurs. Le gouvernement lui-même évoque régulièrement la fuite des
cerveaux. Pour prévenir ce danger tout en évitant le clientélisme introduit par
les IDEX et autres Programmes d’Investissements d’avenir il convient de
« simplifier » la RH en supprimant les possibilités de rémunérations dérogatoires
et de revoir les grilles indiciaires afin de les aligner sur les standards
internationaux.
Proposition n°6 Poser un principe de
compensation des charges créées par l’État pour les universités et organismes
de recherche publics
Aujourd’hui
l’État multiplie les annonces et les décisions qui ont une incidence sur le
budget des universités sans prévoir le financement de ces mesures. Pour
« simplifier » la RH et s’assurer de la soutenabilité des mesures
décidées par l’État, il convient de poser un principe de décideur/payeur,
l’État garantissant le financement des mesures RH qu’il aura décidé, les
universités et organismes de recherche devant, pour leur part, assumer les
conséquences des mesures salariales qu’ils prendront.
Proposition n°7 Supprimer les comités de
sélection et revenir aux commissions élues
Les
comités de sélection devaient éviter les écueils des anciennes commissions de
spécialistes ; raté. La procédure est plus lourde, plus opaque et plus
coûteuse. Pour « simplifier » la RH dans le SUP il convient donc de
revenir un système comparable à celui des commissions de spécialistes aux
membres élus démocratiquement par leurs pairs.
Proposition n°8 Revaloriser la fonction de
recteur
« Simplifier »
la RH, c’est d’abord s’assurer de l’adéquation des candidats au profil des
postes proposés. De ce point de vue, il convient de revenir sur
l’assouplissement des conditions requises pour être nommé sur des fonctions de
recteur, chancelier des universités, la dispense élargie de doctorat ne
garantissant plus la compétence scientifique suffisante des candidats pour
assumer correctement de telles fonctions.
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