La
politique suivie depuis 2007 en matière d’enseignement supérieur et de
recherche est un échec patent. Censée faire « monter » la France dans
le classement de Shanghai elle a provoqué une crise financière sans précédent
dans les universités, les a mises sous tutelle sous couvert
« d’autonomie », a rendu illisible l’offre de formation publique et
privée dans le Supérieur et a promu le clientélisme au rang de stratégie dans
la recherche en laissant se constituer des réseaux d’intérêts et d’influence
contraires à l’intérêt général de la Nation. Une « simplification »
du SUP que les gouvernements se sont employés à rendre plus complexe et plus
opaque depuis près de 10 ans ne suffira pas à résoudre les problèmes. On peut
néanmoins faire quelques propositions ; en voici 5 qui me paraissent essentielles.
En
l’absence de thématique générale sur la gouvernance de l’enseignement supérieur
et de la recherche dans la consultation organisée par le secrétaire d’État, les
deux premières propositions sont les mêmes pour tous les items puisqu’elles
sont un préalable à tout processus de simplification et à tout progrès.
Proposition n°1 Avoir une politique claire
et ambitieuse pour l’enseignement supérieur en France
Force
est de constater que la France n’a plus ni politique ni ambition sur
l’enseignement supérieur depuis des années. Une vision à court terme, comptable
et clientéliste, l’a remplacée et se perd dans des règles tatillonnes et des slogans en novlangue pour
masquer sa vacuité. Simplifier c’est d’abord clarifier, clarifier le rôle, les
missions de l’enseignement supérieur en affirmant une ambition et en se donnant
les moyens de cette ambition.
Proposition n°2 Nommer un ministre compétent à même de porter l’ambition du SUP
De
la poule et de l’œuf : peut-on expliquer l’absence d’ambition pour le SUP en
France par l’incompétence des ministres qui se sont succédés à sa tête ou l’absence
d’ambition pour le SUP explique-t-elle la nomination de ministres incompétents
sur le sujet ? Dans les deux cas, la simplification du SUP suppose d’avoir
une ambition portée par un gouvernement et un ministre crédible, conditions
rarement réunies depuis le début de la Vème République.
Proposition n°3 Investir les moyens des
appels à projets dans le fonctionnement structurel des établissements et
organismes
Le
gouvernement a inventé la recherche « virtuelle », hors sol et sans
personnels. Les appels à projets qui poussent comme le chiendent dans un champ
de blé, ne prévoient pas le financement des fonctions « support », encore moins la création de postes de titulaires et ramènent
les frais de gestion à des ratios symboliques. Il faudrait donc faire de la
recherche sans table, sans chauffage, sans secrétariat ni service RH ou
Finances et avec des personnels précaires. Il faudra, en revanche, que l’établissement et ses chercheurs passent
des heures à expliquer l’usage de chaque euro pour justifier le développement
de multiples « corps de contrôle », ANR, IGAENR, cour et chambres régionales des comptes, experts comptables fort coûteux et peu efficaces.
Parce
que la recherche ce sont d’abord des enseignants-chercheurs, des chercheurs et
un environnement administratif qui permette leur travail la
« simplification » consiste à supprimer les appels à projets coûteux
et peu efficaces pour financer directement le fonctionnement des établissements
d’enseignement supérieur publics et les organismes de recherche publique.
Proposition n°4 Supprimer l’ANR
L’ANR
est devenue un « machin » dont l’essentiel de l’activité consiste à
dépenser du temps et de l’argent à évaluer des projets de recherche qui ne
seront pas financés ou à contrôler les maigres financements distribués. La
« simplification » et un souci de bonne gestion doivent donc conduire
à la suppression de l’ANR et à l’intégration de ses moyens dans le budget
récurrent des laboratoires de recherche des établissements d’enseignement
supérieur et des organismes de recherche.
Proposition n°5 Supprimer le Commissariat
Général à l’Investissement et les IDEX
Avec
les Programmes d’investissement d’avenir, le CGI s’est illustré par un
conservatisme et un passéisme remarquable qu’illustre bien l’âge de ses
responsables successifs. Comme s’il fallait avoir passé les 70 ans pour pouvoir
imaginer l’avenir de la France!
Aucun
progrès tangible, aucune innovation probante ne peut être mise au crédit du CGI qui a dépensé les millions (largement virtuels il est vrai) pour financer en
pure perte, les mêmes acteurs et les mêmes filières industrielles :
l’énergie (essentiellement nucléaire), les transports et l’armement,
l’agro-business, les communications et l’industrie pharmaceutique.
Pour
« simplifier » l’enseignement supérieur et la recherche tout en
permettant le développement d’une véritable culture de l’innovation et non la reproduction des privilèges il
convient donc de supprimer le CGI et ses programmes pour réaffecter les moyens
aux besoins structurels de l’enseignement supérieur et de la recherche en
France.
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