samedi 31 mai 2014

Mensonge d’État : à propos des créations de postes dans l'enseignement supérieur



J'ai vu, dit-il, un chou plus grand qu'une maison.
Et moi, dit l'autre, un pot aussi grand qu'une église.
Le premier se moquant, l'autre reprit : Tout doux ;
On le fit pour cuire vos choux.
...
Quand l'absurde est outré, l'on lui fait trop d'honneur
De vouloir par raison combattre son erreur ;
Enchérir est plus court, sans s'échauffer la bile.

Jean de La Fontaine, Le dépositaire infidèle



On critique ! On critique ! Mais, en réalité, nos collègues du ministère ont conservé un esprit enfantin, plein d’enthousiasme, d’optimisme et de naïveté. Dans l’adversité on sent chez eux le souffle de Baden Powell, les leçons de Bison égocentrique, de Langue agile et d’Hamster érudit ! Les voici toujours rêveurs, prêts à de nouvelles facéties!


mercredi 21 mai 2014

COMUE : pourquoi s'embarrasser avec la démocratie ?

En lisant la dépêche que l’AEF, l’agence de presse spécialisée dans l’éducation, consacre à la COMUE de SACLAY j’ai failli m’étrangler. Le mépris qu'affichent le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et les lobbies qui l’entourent pour la démocratie devient indécent.

On peut lire : « La version définitive des statuts de la future Comue "Université Paris-Saclay" a été adoptée par le CA de la fondation de coopération scientifique "Campus Paris-Saclay", le 7 mai 2014, puis validée par les services du MENESR. ..Le décret de création de l’université ne devrait cependant pas être publié avant le vote de la loi sur l’avenir de l’agriculture, qui modifie la loi ESR sur la question des Comue et qui est en attente d’une deuxième lecture à l’Assemblée nationale et au Séna».

Ainsi donc le ministère, après avoir décidé de modifier la LRU2 de Mme Fioraso par amendement introduit dans la loi sur l’agriculture pour les besoins de la COMUE Saclay, après avoir supprimé dans cet amendement toute référence au secret du vote, « valide » les statuts de la COMUE Saclay sans même attendre que les députés approuvent définitivement la loi !

lundi 5 mai 2014

COMUE : allons-nous devoir voter avec les pieds?

Dans le Sénat romain, le scrutin n'était pas secret. Les sénateurs votaient en se déplaçant pour rejoindre celui dont ils approuvaient la proposition. C'était peu démocratique, mais cela permettait de compter ses amis... et ses ennemis. Et bien nous pouvons nous demander si nos joyeux spécialistes du MESR qui ravaudent la LRU2, n'ont pas décidé de rétablir pour les COMUEs les senatus pedarii qui votaient avec leurs pieds dans la désormais fameuse loi "d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt" (!).

En effet, l'article 27bis de la loi sylvestre proposé par amendement du gouvernement devant l'Assemblée Nationale supprime l'obligation de scrutin secret pour les élections au suffrage direct dans le conseil d'administration et le conseil académique des COMUEs sur les trois collèges, enseignants-chercheurs et personnels assimilés, autres personnels et étudiants. Rien de moins!


vendredi 2 mai 2014

1 000 milliards de Dollars : la dette des étudiants américains atteint un nouveau sommet

Selon les données publiées par la Federal Reserve Bank of New York, fin 2013, l’endettement étudiant aux États-Unis a dépassé le chiffre record de mille milliards de dollars. L’enseignement supérieur est devenu la seconde source d’endettement après les prêts hypothécaires et devant les prêts automobiles ou les prêts par carte de crédit. En 2005, 23,3 millions d’étudiants avaient emprunté pour financer leurs études ; ils étaient 37,1 millions contraints de le faire en 2011. La charge annuelle de remboursement était de 15.651 USD en 2005, elle est passée à 24.301 USD par an en 2011. Le « modèle américain» tant vanté depuis 20 ans a créé une nouvelle « bulle financière » et le taux d’incident ne cesse de croître pour atteindre près de 12% (voir graphique ci-dessous, courbe rouge).

jeudi 1 mai 2014

Sic transit Gloria mundi : Les attributions de la secrétaire d'État Mme Fioraso

Dans une précédente chronique je concluais : "toute honte bue, Geneviève Fioraso peut passer du statut de ministre à celui de simple secrétaire d'État, elle a déjà perdu toute crédibilité". Je ne pensais pourtant pas que la chute serait aussi brutale.

Mme Fioraso a bien été nommée secrétaire d'État contre une large partie de la communauté universitaire, mais le décret fixant ses attributions paru hier au Journal Officiel ramène ce titre à peu de choses.

Elle dont la politique n'a été que mépris pour les universités (faut-il rappeler que dans la version initiale de la LRU2 les universités ne participaient pas à la définition de la politique nationale de la recherche?) et mensonges (qui croit encore à ses annonces sur les crédits supplémentaires des universités ou à son amour des Humanités?) pourra continuer à exercer, "par délégation, les attributions du ministre relatives à l'enseignement supérieur, à la recherche et à la politique de l'espace", mais elle n'en a plus le budget. Elle peut seulement "participer à la préparation des décisions" concernant le budget des universités ; autant dire que les arbitrages lui échappent et seront l'apanage du ministre.

On ne s'en réjouira même pas. Benoît Hamon a d'autres priorités et déjà d'autres soucis que l'enseignement supérieur qui passera au second plan. Pourtant, quel sera l'interlocuteur des universités à qui l'État ne donne pas les moyens de payer les fonctionnaires transférés au nom de "l'autonomie" ? Benoît Hamon puisque Mme Fioraso n'est plus compétente en matière budgétaire. Et avec qui discuter des "audits" de l'IGAENR, sages conseils pour universités sous-dotées abandonnées par l'État qui promet mais ne tient pas? Benoît Hamon encore puisque c'est lui qui a autorité sur l'inspection.