mercredi 14 février 2018

Tri Parcoursup : La ruine ou le néant

Le projet de loi Parcoursup poursuit son chemin chaotique au Parlement. L’étape des attendus est passée dans la douleur, celle des vœux a commencé et celle du tri se profile à l’horizon. Or il y a une question à laquelle la ministre, pas plus que la CPU, n’ont répondu : qui va trier ? Les universités a-t-on dit. Certes. Mais sans ouvrir ici le débat sur l’autonomie de la personnalité morale, il faudra bien que des personnes physiques se chargent in fine de trier, par algorithme ou à la main. Donc qui va trier ?

Ce tri constitue une décision pédagogique. Les personnels administratifs peuvent y être associés, par exemple pour configurer les algorithmes, mais ils ne peuvent en prendre la responsabilité. Alors, les enseignants ? Pas évident du tout. En effet le tri Parcoursup ne fait pas partie des obligations de service des différentes catégories d’enseignants.

jeudi 1 février 2018

Attendus de la licence en Droit : dialogue avec Sandrine Clavel

J'ai critiqué les pré-requis et autres attendus à plusieurs reprises sur ce blog. Sandrine Clavel, professeur de droit et présidente de la conférence des doyens de droit et science politique qui a participé à la définition des attendus pour la licence de Droit a bien voulu répondre à mes questions et commentaires. Je l'en remercie et vous invite à lire cette chronique à quatre mains.

Y. Bisiou : "être ouvert au monde", " Pouvoir travailler de façon autonome et organiser son travail" ... la publication des attendus a suscité des réactions, parfois de la moquerie, de la part de certains collègues. Quel est l'apport de prescriptions aussi générales et, parfois, aussi subjectives?

S. Clavel : Il est tellement plus facile d’être critique que constructif, surtout lorsque l’on juge le travail des autres... Je répondrai donc simplement deux choses. D’abord, ce travail a été réalisé dans un cadre contraint, pré-défini par le Ministère, et les « attendus » répondent à un cahier des charges qui nous avait été donné. Ensuite, j’aimerais bien que nos collègues voient plus loin et s’interrogent sur l’esprit de la réforme. Pour la première fois, un gouvernement a le courage de prendre à bras-le-corps la question de l’entrée à l’université, et de dire aux lycéens : attention, ce n’est pas simplement parce qu’on veut, qu’on peut. Même si notre système reste un système ouvert - et j’insiste au préalable sur ce point, car il n’y a pas de volonté de « sélection » contrairement à ce que j’entends souvent -, il intègre désormais un paramètre important : est-ce que le candidat a les qualités requises pour réussir, est-ce que toutes les chances sont de son côté ? Et plus important encore, cette question