En
l’absence de thématique générale sur la gouvernance de l’enseignement supérieur
et de la recherche dans la consultation organisée par le secrétaire d’État, les
deux premières propositions sont les mêmes pour tous les items puisqu’elles
sont un préalable à tout processus de simplification et à tout progrès.
Proposition n°1 Avoir une politique claire
et ambitieuse pour l’enseignement supérieur en France
Force
est de constater que la France n’a plus ni politique ni ambition sur
l’enseignement supérieur depuis des années. Une vision à court terme, comptable
et clientéliste, l’a remplacée et se perd dans des règles tatillonnes pour
masquer sa vacuité. Simplifier c’est d’abord clarifier, clarifier le rôle, les
missions de l’enseignement supérieur en affirmant une ambition et en se donnant
les moyens de son ambition.
Proposition n°2 Nommer un ministre compétent à même de porter l’ambition du SUP
De
la poule et de l’œuf, peut-on expliquer l’absence d’ambition pour le SUP en
France par l’incompétence des ministres qui se sont succédés à sa tête ou
l’absence d’ambition pour le SUP explique-t-elle la nomination de ministres
incompétents sur le sujet ? Dans les deux cas, la simplification du SUP
suppose d’avoir une ambition portée par un gouvernement et un ministre
crédible, conditions rarement réunies depuis le début de la Vème République.
Proposition n°3 Garantir le financement des
formations permettant la délivrance de diplômes d’État
L’habilitation
exige une annexe financière mais l’État ne s’engage plus sur cette annexe. Il
convient aujourd’hui de redonner à cette annexe financière un caractère
contractuel pour chaque formation habilitée.
Pour
« simplifier » la formation et s’assurer de l’effectivité des
décisions prises, le coût sera défini à partir de critères objectifs : heures
à effectuer, niveau des intervenants, taux d’encadrement, surfaces disponibles, capacités d’accueil pour
chaque université.
Proposition n°4 Supprimer le RNCP pour
protéger les jeunes des abus du business de l’éducation
Le
fichier RNCP est devenu un risque majeur pour tous les jeunes qui souhaitent se
former et plus encore pour les plus fragiles. Censé présenter l’offre de
formation professionnelle en France, il était surtout destiné à donner aux
collectivités territoriales, aux chambres de commerce et au MEDEF un moyen de
promotion des formations non diplomantes qu’ils commercialisaient
à travers la commission nationale de la certification professionnelle en charge
de la tenue de ce fichier.
En
pratique le RNCP, qui n’opère aucun contrôle effectif sur la qualité des
formations, sème la confusion entre des formations publiques et privées
soumises à un strict contrôle de qualité par le biais d’habilitations ou
d’accréditations et des formations douteuses placées sur le même plan.
Le
RNCP est ainsi détourné par des officines mercantiles peu scrupuleuses qui abusent
de la méconnaissance des jeunes en proposant des formations « reconnues
par l’État », « certifiées par l’État » ou, pire encore, des
formations « niveau master ».
L’affaire des « faux étudiants chinois » dans une école de commerce
parisienne a encore illustré ces dérives récemment.
Pour
« simplifier » et clarifier l’offre de formation en France et
protéger les jeunes les plus en difficultés on ne peut plus continuer à fermer
les yeux sur les dangers du RNCP pour satisfaire quelques lobbies. Une réforme
du RNCP ne pouvant améliorer la situation il convient de supprimer purement et
simplement ce fichier non seulement inutile mais nuisible pour la clarté de la
formation en France.
extrait d'une publicité dans l'affaire des "faux étudiants chinois"
Proposition n°5 Rendre l’offre de formation
en master plus lisible en supprimant la notion de « Grade »
Les
masters ont profondément transformé l’offre de formation des universités,
notamment en favorisant la professionnalisation de haut niveau des études
universitaires. Or là aussi l’État a entretenu la confusion pour complaire à
certains lobbies à travers la double notion de « diplôme » et de
« grade ». Si le diplôme de master est un diplôme d’État sanctionnant
une formation universitaire de qualité, on a vu se multiplier les diplômes
non-universitaires permettant la délivrance du « grade » de master.
Mme
Fioraso a bien prétendu « clarifier » l’offre de formation en créant
une nomenclature des licences et des masters, mais elle n’a pas osé s’attaquer
au cœur du problème : la multiplication à l’infini de formations plus ou
moins exigeantes offrant le « grade » de master.
« Simplifier »
l’offre de formation c’est donc se préoccuper des vrais enjeux pour clarifier
l’offre de formation en supprimant la notion de « grade » pour faire
du master un diplôme d’État exclusivement. Il conviendra ensuite, de permettre
la création d’autres formations en complément des masters.
Proposition n°6 Revaloriser la licence et
la maîtrise pour régler la question de la sélection en master
Depuis
deux ans les contentieux se multiplient autour de la question de la sélection
en master sans, d’ailleurs, que la ministre et le secrétaire d’État n’aient le
courage de trancher la question. La sélection est une nécessité pour garantir
la qualité de formation des masters ; la supprimer fera perdre tout
intérêt à ces formations. Pour autant on comprend la détermination des
étudiants à intégrer un master, gage d’une insertion professionnelle de qualité.
On ne pourra sortir de ce débat qu’en diversifiant l’offre de formation et en
revalorisant d’autres formations.
À la fin du XXème siècle, le
funeste processus de Bologne et une fascination
assez irrationnelle pour le système éducatif anglo-saxon ont conduit les
gouvernements à dévaloriser la licence et à abandonner
quasiment la maîtrise pourtant reconnue dans de nombreux pays. Cette stratégie
a privé les étudiants de formations de qualité et les employeurs d’un niveau de
recrutement intermédiaire.
Pour
« simplifier » l’offre de formation en conservant un haut niveau
d’exigence sur les masters tout en répondant aux attentes des étudiants en
terme de qualification et de professionnalisation il convient de revaloriser la
licence et la maîtrise pour que ces formations offrent des débouchés
complémentaires et une bonne insertion professionnelle à tous les étudiants.
Proposition n°7 S’extraire du Processus de
Bologne et réviser la notion d’ECTS
En
voulant faciliter la mobilité et la reconnaissance mutuelle des formations, le
processus de Bologne n’a abouti, comme le RNCP, qu’à introduire de la confusion dans les
formations et les a privées de tout contrôle de qualité.
Dans
la nouvelle version signée par Thierry Mandon juste avant sa nomination comme
secrétaire d’État, plus aucun contrôle n’est exercé sur la délivrance d’ECTS.
N’importe quel organisme peut délivrer les ECTS qu’il veut pour n’importe
quelle formation.
Cette
nouvelle orientation qui répond aux attentes des acteurs du business de l’éducation,
fait perdre tout intérêt aux ECTS puisque les universités et écoles européennes
ne peuvent plus se fier à ces crédits pour apprécier un niveau de compétence ou
de qualification. Le système n’a donc plus aucun intérêt et devient même
dangereux pour les jeunes qui risquent de s’engager dans des formations coûteuses
en croyant obtenir des « ECTS » qu’ils ne pourront valoriser.
« Simplifier »
la formation c’est donc constater l’échec du processus de Bologne qui n’a
conduit qu’à la suppression de la Maîtrise et au renoncement à tout critère de
qualité pédagogique pour les ECTS sans améliorer la reconnaissance mutuelle des
formations en Europe.
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