Dans un avis qui vient d'être publié, le Conseil d'État subordonne la sélection en master à l'existence d'un décret. Sans ce précieux décret, et à ma connaissance il n'en existe plus, aucune sélection n'est possible, ni pour l'accès en M1, ni pour l'accès en M2.
Deuxième conséquence, et non des moindres, comme je l'avais indiqué ici, le texte ne concerne pas le diplôme mais le Grade de master. Le Conseil d'État étend donc la condition de décret non seulement aux diplômes de master délivrés par les universités, mais aussi à tous les diplômes des écoles permettant d'obtenir le Grade de master.
Bien entendu, en réagissant rapidement je peux être passé à côté d'un décret, mais à première vérification je n'en ai pas trouvé, ni pour Polytechnique, ni pour Science Po, ni pour Dauphine, ni pour les écoles d'architectes, écoles d'ingénieurs*... On imagine le tsunami que cela va provoquer dans des écoles qui ont fondé toute leur stratégie sur la sélection. L'avis du conseil d'État aura peut-être le mérite de pousser enfin le ministère à réagir, ce qu'il n'avait pas voulu faire depuis des mois.
Mais alors que les processus de candidatures en M2 va commencer, c'est aux étudiants que je pense. Car c'est la pire des solutions qui va probablement s'imposer, celle d'une sélection par l'échec en M1.
En effet, pour les étudiants les conséquences concrètes de l'avis du conseil d'État devraient être les suivantes:
1° Tout étudiant titulaire d'une licence pourra s'inscrire en master. La sélection en M1 pratiquée par certaines universités, ou les écoles, est donc interdite.
2° Le master étant un "cycle" de 2 ans il n'est plus possible d'entrer en M2. Soit l'étudiant entre dans le master de son choix en M1, soit il ne rentre pas. La mobilité et la spécialisation des M2 selon les universités va donc disparaître. Les universités devront accueillir dès le master 1 les étudiants qu'elles souhaitent avoir en M2.
3° Si aucune sélection sur dossier ou concours n'est possible entre le M1 et le M2 sans décret, pour entrer en M2 l'étudiant devra avoir obtenu son M1. La solution va donc s'imposer naturellement au mois de mai si le gouvernement ne réagit pas de toute urgence: les responsables de formations ne vont donner la moyenne en M1 qu'aux étudiants qu'ils souhaitent voir poursuivre dans leurs M2. On va donc aboutir à une sélection par l'échec avec des conséquences considérables.
D'abord, les étudiants pourront redoubler, en principe sans limite, leur M1. On va donc voir grossir les effectifs de M1 sans pour autant diplômer plus d'étudiants. Les conditions d'apprentissage, dans les universités comme dans les écoles, vont s'en ressentir.
Ensuite, tous les étudiants qui ne seront pas pris en M2 ne pourront même pas se prévaloir d'un M1 puisqu'ils n'auront pas la moyenne en M1. Pour ceux qui suivent des diplômes de masters dans les universités, ils ne pourront même pas demander la maîtrise que les universités sont toujours habilitées à délivrer aux titulaires d'un M1.
C'est donc la pire des solutions que le gouvernement a choisi en gardant le silence pour ne pas froisser quelques syndicats étudiants. Reste à espérer qu'il réagisse enfin, mais les jours sont comptés: les épreuves en contrôle continu ont déjà commencé et les établissements d'enseignement supérieur vont être obligés de réagir immédiatement s'ils ne veulent pas être submergés par les étudiants en M2 l'année prochaine.
Nota : *j'ai un doute pour les écoles de commerce que je préfère ne pas mentionner dans cette liste
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