Depuis
quelques jours les lobbies se mobilisent pour défendre la Central European
University de Budapest, plus connue sous le surnom « d’Université Georges
Soros », dont l’avenir serait compromis par une nouvelle loi proposée par
Victor Orban. La très libérale et très clientéliste Association des Universités
Européennes qui s’agite toujours pour plus d’autonomie, de dérégulation et de
business dans le SUP, la CPU et le fantomatique Harlem Désir y sont allés de
leurs communiqués, rejoignant celui du département d’État Américain. C’est un
bien mauvais et bien dangereux combat.
Victor
Orban est un odieux personnage, nationaliste xénophobe, aux antipodes des
valeurs que je défends. Pour autant, la Central European University est-elle ce
défenseur de la démocratie et des valeurs universitaires qu'on nous présente ?
Non.
Cette
« université » privée est d’abord un montage juridique acrobatique sur la base d’une « déclaration conjointe » entre l’État de New-York et le gouvernement Hongrois datant de 2004. Deux entités
portant le même nom en hongrois et en anglais ont été créées :
« KEE » Közép-európai Egyetem et CEU, la première en Hongrie, la seconde aux USA. A Budapest ce n'est donc pas CEU mais KEE qui est accréditée pour 10 formations de niveau graduate (master) et
doctorat. Une
rapide consultation du site de l’université permet de constater qu’aujourd'hui CEU propose une trentaine de masters en 2 ans ou 10 mois ( !), des
formations qualifiantes et de l’executive education à foison ainsi que 11
doctorats dont 2 seulement sont accrédités en Hongrie. La plupart des
formations sont donc des formations de droit américain proposées, en anglais,
en Hongrie à des tarifs qui tournent autour de 12.000€/an en master (58.000€ pour
le programme d’executive MBA !) et 12 à 15.000€ pour la 1ère
année de doctorat (entre 7.500 et 8500€/an ensuite). Bien entendu l’université
nous vante ses aides financières et en particulier les bourses ERASMUS dont
peuvent bénéficier les étudiants.
On ne peut s’empêcher de faire ici le
parallèle avec le CLESI/ESEM et l’université privée Fernando Pesoa qui
contournait le numerus clausus des
études médicales, mais en pire. L’université Fernando Pesoa existe bel et bien
au Portugal tandis que l’université de Georges Soros n’existe que sur le papier
aux USA ! Elle n’a ni campus ni étudiants. Voici donc une université
« américaine » qui n’a aucune activité aux USA et qui forme en
Hongrie des étudiants à des diplômes non reconnus par le gouvernement Hongrois
tout en délivrant des ECTS ! Comment la CPU peut-elle défendre maintenant
la KEE/CEU après avoir dénoncé, avec raison, le CLESI/ESEM ?
Je
ne lis pas le hongrois et je n’ai pu consulter le texte de loi. Mais les
rapports qui en sont donnés, y compris par l’université Georges Soros, font
état de deux exigences : un campus dans le pays d’origine et un accord
entre l’État d’origine et la Hongrie. Est-ce vraiment scandaleux ? Force
est de constater que nous ne sommes pas loin des exigences posées par le droit français.
À
titre d’exemple, l’article L731-1 du Code de l’éducation réserve aux seuls
français et ressortissants européens le droit d’ouvrir un établissement privé d’enseignement
supérieur. Le président de l’université
Georges Soros est l’ancien leader du parti libéral canadien et le Board of
trustees est dominé par les anglo-saxons. Je doute qu'une telle « université » puisse prospérer en France et son implantation aurait suscité des polémiques légitimes.
Quant
à penser que la Central European University puisse être le dernier rempart de la démocratie
face à Victor Orban, si c’est exact c’est tragique. La philanthropie d’un
Georges Soros a tout d’une version contemporaine du commerce des indulgences
dénoncé par Luther et l’établissement qu’il soutient revendique ostensiblement
son engagement politique en faveur du libéralisme économique. On est bien loin de l'esprit scientifique et des valeurs universitaires. En présentant
cette structure comme l’innocente victime d’Orban on ne fait que donner à ce dernier un
bâton dont il n’hésitera pas à se servir contre les vrais défenseurs du
pluralisme et de la démocratie.
La grande majorité des étudiants reçoivent des bourses d'études complètes, y compris le logement dans un dortoir et une allocation de subsistance. C'est l'un des principes de l'université. Cela ne fait pas de profit. Vous confondez une «organisation privée» et une «organisation à but lucratif». Les seuls frais de scolarité étaient pour les étudiants de l'école de commerce, que Michael Ignatieff ferme. Veuillez faire vos recherches avant de poster des informations erronées.
RépondreSupprimerIl est scandaleux qu'une loi soit annoncée soudainement dans le but de fermer une université unique, et qu'elle soit adoptée par le Parlement une semaine plus tard.
Intéressant de voir comment la gauche radicale arrive à ressembler la droite radicale.
Bienvenue dans le monde des Orbáns et des Poutines, la France, vous semblez être la prochaine.
j'ai toujours trouvé méprisable d'insulter de façon anonyme. Sur le fond vous mentez et je vérifie toujours plutôt 3 fois qu'une avant de poster. Au lieu d'insulter, allez contrôler sur le site de la CEU, les droits d'inscription (lien publié dans mon article) et les aides financières. Si la CEU prétend que 85% des étudiants reçoivent une aide, il ne s'agit pas d'une prise en charge totale d'une part, et, d'autre part, il s'agit de financements ERASMUS pour partie ce qui me choque. Quant à mon point de vue sur Orban je le donne et je l'assume sans anonymat.
SupprimerYann Bisiou https://www.ceu.edu/sites/default/files/attachment/basic_page/13693/scholarshipbrochure17-18.pdf
Je suis hongroise et je suis étudiante au Département du Gender Studies à la CEU. Il n'y a pas un/e seul/e étudiant/e qui paie un sou pour nos éudes de Masters et Doctorats. Beaucoup de militantes et intellectuelles féministes et LGBT dans notre région était formé/es à la CEU.
RépondreSupprimerEn Hongrie, "l'université de George Soros" est un mot-code pour faire des allégations antisémites sur un complot financier juif, y compris une campagne misogyne "anti-genre" contre la CEU.
Comme je l'ai dit, bienvenue dans le monde des Orbáns et des Poutines. Je les connais trop bien.