source: Gallica BNF http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90182742
L’espace
de 24h l’université Paris-Nanterre a supprimé l’accès en master aux étudiants
internationaux. Nanterre la Rouge, Nanterre du « Mouvement du 22 mars », l’université ouverte, mon Alma Mater,
fermée aux étudiants internationaux ???!!! Il n’y avait qu’Elle pour
pouvoir mettre un tel pavé dans la mare sans être suspectée de xénophobie. Car
ce sont des problèmes techniques qui expliquent cette décision, des problèmes
qui dépassent l’université de Nanterre et la question des étudiants
internationaux.
En
revenant sur sa décision, l’université s’est expliquée. Elle a mis en avant des
contraintes administratives conjoncturelles, mais aussi des raisons plus
structurelles comme la sélection en master. Dans Le Monde, le ministère de l’enseignement supérieur et de la
recherche exprime son « incompréhension »
et prétend que « rien ne peut l'expliquer dans la réforme de la sélection en master ». Et pourtant
si ! Je l’avais d’ailleurs indiqué dans ma précédente chronique sur les
étudiants internationaux et je ne peux qu’inviter le ministère à me lire pour
mieux comprendre ce qui se joue dans le SUP...
Le nouvel article L.612-6 al. 2 du code de l’éducation autorise les universités à organiser une sélection par concours ou dossier en M1. En contrepartie de cette sélection, l’article L.612-6-1 rend automatique, sous condition de réussite, la poursuite en M2. Les universités définissent donc leurs capacités d’accueil en M1 en fonction de leurs capacités d’encadrement en M2.
En Droit
ou en Psychologie, qui bénéficient d’une dérogation pour sélectionner en M2, il
n’y a pas de difficulté. En Sciences
exactes où la pression des effectifs est moindre entre la licence et le master c’est
encore simple. Dans les Humanités ou en Gestion en revanche, l’écart entre les
effectifs de M1 et ceux de M2 peut être considérable. Or ce sont les filières
qui accueillent la majorité des étudiants et la suppression des « spécialités » ainsi que le regroupement
des mentions de master décidés par Geneviève Fioraso accroissent encore la pression. Dans certaines filières les effectifs de M1
vont diminuer de moitié par rapport à cette année. Et c’est là que le problème
des étudiants internationaux se pose.
Le
code de l’éducation ne distingue pas entre les candidats. Diplômés de licence
de l’université ou d’une autre université, étudiants internationaux ou
étudiants en formation continue sont en concurrence. En alignant les capacités
d’accueil en M1 sur les capacités des M2, certaines universités ne peuvent pas
accueillir tous leurs étudiants diplômés de licence. Par respect pour ces
étudiants qu’elles ont formés, les équipes pédagogiques leur donnent la
priorité et l’arbitrage se fait sur les autres catégories de candidats. La
décision de l’université de Nanterre peut choquer, mais elle a le mérite de la
transparence et de l’honnêteté. D’autres sont plus discrètes, mais n’accepteront
en fait que quelques rares dossiers sur les milliers de postulants.
Dans
les années à venir, les cursus universitaires vont ressembler à ceux de
certaines Grandes Écoles prestigieuses. Il y aura la voie royale après le
Baccalauréat et la Porte Étroite après la licence. On peut choisir cette
solution, on peut aussi chercher les moyens de maintenir une ouverture
internationale, mais aussi des publics mixtes formation continue/formation
initiale en master.
Distinguer
les différentes catégories de candidats ne règlera rien puisque le critère retenu par les collègues est la capacité
d’accueil globale en M2. On peut sélectionner en première année de licence, par
effet de dominos. C’est ce que font actuellement ces grandes écoles
prestigieuses que j’évoquais. On peut aussi transformer la licence en diplôme
d’entrée en master en limitant le nombre de diplômés en fonction des places
disponibles en master. C’était la proposition de certains présidents
d’universités avant l’adoption de la loi. Je suis hostile à ces deux options.
J’ai déjà écrit à plusieurs reprises qu’avant d’envisager une sélection en L1,
il était plus pertinent de limiter les redoublements excessifs. Quant au
diplôme de licence, il doit continuer à sanctionner une formation généraliste
qui permet l’accès à plusieurs masters.
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