Je
publiais hier un commentaire sur l’interprétation que certains font, à tort,
des statistiques sur l’évolution des inscriptions dans le « public »
et le « privé » quand Educpros a sorti les résultats 2015 du SIGEM. Il
m’a semblé intéressant de compléter mon propos d’hier au vu de ces résultats.
Educpros
note qu’en 2015 toutes les places ouvertes dans les grandes écoles ne sont pas
pourvues, mais plutôt que de partir des places « ouvertes » je me
suis intéressé au nombre d’étudiants affectés dans les écoles sur la période
2012-2015. Et le constat est intéressant. Vous pouvez télécharger le document au format PDF ici, une image JPEG illustre la fin de cette note.
La stratégie de croissance des écoles de
commerce fonctionne. Entre 2012 et 2015, 230 étudiants supplémentaires sont
affectés dans les écoles par le SIGEM. Mais en réalité ce sont près de 600 étudiants supplémentaires qui ont
été accueillis par les écoles partenaires du SIGEM en raison de la défection
des écoles membres de France Business
School. Toutefois, cette augmentation moyenne de 8% n’est pas significative
car les stratégies des écoles sont très variables et on retrouve une critique
que j’adressais hier aux statistiques globales du ministère.
On
perçoit chez une majorité des écoles une volonté de monter en effectifs. Les
plus fortes progressions ne sont d’ailleurs pas nécessairement là où on les
attend. Ainsi l’ESC La Rochelle voit
ses effectifs augmenter de 77% ! Certes elle était plus ambitieuse encore
puisqu’elle ouvrait 110 places au concours. Mais pour une école qui ne
recrutait « que » 23 étudiants en 2012 pour 95 places offertes, la
progression est impressionnante. L'ESC Dijon, classée meilleure école pour les admissions peut également se prévaloir d'une forte progression de ses effectifs.
À
l’inverse, d’autres écoles limitent volontairement leurs effectifs. C’est le
cas pour HEC qui, forte de sa
prééminence, limite ses recrutements. Toulouse Business School, l’ESCP Europe ou Telecom EM font de même.
Ensuite,
on constate que, sur la durée, les fusions qui ont émaillé la chronique des
Grandes Écoles en 2012 commencent à donner des résultats. EM Lyon, Kedge, Néoma, Skema voient leurs effectifs progresser.
Reste
les « accidents industriels ». Il y a celui qui se voit déjà, France Business School. Et puis il y a
ceux à venir. La recomposition du paysage des écoles de commerce n’est pas
finie. Toutes ne survivront pas à l’augmentation des coûts de formation et à la
recherche de financements supplémentaires. Si on met de côté les écoles qui ne
recrutent que quelques étudiants sur le SIGEM, deux écoles sont en difficulté
en 2015, peut-être de façon temporaire, l’ESC
Pau qui voit ses effectifs s’effondrer et l’INSEEC qui perd plus de 140 étudiants par rapport à l’année
dernière et explique, largement, les résultats en demi-teinte du SIGEM 2015.
Pour
conclure, je ne partage pas totalement l’analyse que peut faire Educpros à
partir des résultats du SIGEM 2015. Le « marché » est extensible ou
pour employer une expression qui me semble plus juste, l’engouement des
étudiants pour les écoles de commerce ne cesse de croître. Il faut d’ailleurs
plutôt parler d’un engouement pour la gestion car la croissance que l’on constate
au niveau du « privé » se retrouve à l’université dans les filières
de « gestion ». Encore faut-il que les écoles de commerce soient en
mesure de s’adapter aux nouveaux enjeux du supérieur et toutes n’y parviendront
pas. Mais pour la majorité d’entre-elles, les indicateurs sont tous au vert
sans, pour autant, que l’enseignement public en pâtisse.
Bonjour Yann,
RépondreSupprimerArticle très intéressant. Il faut tout de même mentionner le fait que les écoles gagnant davantage en effectif en élargissant leur recrutement hors prépas, on peut parler de l'évolution de l'EDHEC ou de l'EMLYON à ce niveau-là par exemple.
Je le mentionnerais très certainement.
Bien cordialement,
Mehdi C.
Fondateur de Major-Prépa