A
plusieurs reprises j'ai dénoncé sur ce blog le clientélisme dont faisait preuve
Mme Fioraso reprochant à un petit groupe aux intérêts communs d'avoir accaparé
l'enseignement supérieur et la recherche. Parce qu'un bon dessin vaut souvent
mieux qu'un long discours, voici donc une représentation graphique de ces
réseaux. Une version agrandie est disponible en cliquant sur ce lien.
Dans
une organisation démocratique élective, il y a deux façons de constituer une
équipe de gouvernance : autour d’un projet ou autour d’un réseau d’intérêts
communs. A une échelle bien plus modeste, lorsque nous avons été élus à la
direction de l’université Paul Valéry il y a plus de 6 ans, nous ne nous
connaissions pas, Anne Fraisse, présidente, Cécile Poussard et aujourd’hui Laure Echalier, vice-présidentes du CEVU, Patrick Gilli, vice-président du CS et
moi. C’est un projet pour l’université qui nous a réuni pour la durée de nos
mandats, au-delà de nos différences d’approches et d’analyse.
Rien
de tel, au contraire, avec le ministère et aujourd’hui le secrétariat d’État,
de Mme Fioraso. Les intérêts de deux groupes issus de la région Rhône-Alpes qui
prônent une imbrication des intérêts politiques, industriels et scientifiques
ont convergé pour diriger l'ESR : les « Grenoblois » proches de Michel Destot, l’ancien maire de
Grenoble et toujours député de l’Isère et les « Lyonnais » autour de Lionel Collet et, peut-être, du groupe
« Marc Bloch » même si
l’anonymat derrière lequel se cachent ses membres ne permet pas de l'affirmer.
On ne demande pas à un ministre de gouverner avec ses adversaires
politiques. Par contre on attend d'un ministre qu'il porte un projet qui fédère
des acteurs que beaucoup de choses séparent. Ce n'est pas le choix fait par François Hollande où ce sont les liens relationnels qui prévalent. Quand ce n'est pas le projet qui
dicte la gouvernance mais les intérêts des uns et des autres, on est bien loin de la République exemplaire tant promise.
La
Gouvernance de l’ESR
Les « grenoblois »
Michel Destot
Ancien
maire de Grenoble, député de l’Isère, mais aussi ancien ingénieur du CEA et PDG de CORYS, start-up du CEA.
Geneviève Fioraso
« Secrétaire
d’État », mais aussi directrice commerciale puis membre du CA de CORYS, adjointe de Michel Destot à la
mairie de Grenoble de 2008 à 2012, PDG de la société d’économie mixte Minatec
créée par Michel Destot, etc…
Sylvain Laval
« Chef de cabinet, conseiller parlementaire »,
mais aussi membre du comité de soutien à Michel Destot lors de la campagne
municipale de 2008 à Grenoble, candidat, malheureux, aux élections cantonales
de 2011 à Monestier-de-Clermont, canton
situé dans l’arrondissement de Grenoble et militant UNEF.
Delphine Chenevier, « conseillère
Presse et domaine réservé », mais aussi directrice de cabinet de Michel
Destot puis chargée de mission Jeux Olympiques à la mairie de Grenoble durant le mandat de Michel Destot.
Adeline
Desbois-Lentile « Conseillère discours, égalité, parité et lutte
contre les discriminations », d’abord
normalienne, mais aussi ancienne étudiante de l’université Stendhal–Grenoble
3.
Les « Lyonnais »
ou
plus simplement les proches de Lionel Collet et peut-être du groupe Marc Bloch
Lionel Collet
« Conseiller
d’État » au tour extérieur nommé par François Hollande, mais aussi
directeur de cabinet de Geneviève Fioraso ministre, président de l’université
Claude Bernard Lyon 1, président de la CPU, conseiller à l’enseignement
supérieur et à la recherche de Vincent Peillon durant la campagne
présidentielle de François Hollande, président du comité de soutien lyonnais à
François Hollande pour les primaires socialistes.
Jean-Michel Jolion
« Conseiller
formations du supérieur et orientation », mais aussi MCF à L’université Claude
Bernard Lyon 1, délégué général du PRES de Lyon lorsque Lionel Collet présidait
Lyon 1, conseiller municipal socialiste de Villeurbanne, conseiller
scientifique auprès du vice-président de la région Rhône-Alpes chargé de la
mise en place du schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Simone Bonnafous
« DGESIP »,
mais aussi vice-présidente de la CPU lorsque Lionel Collet en était président,
présidente de l’université Paris 12 Créteil.
Jean-Luc Dubois-Randé
« conseiller
Santé », mais aussi directeur de l’UFR de médecine de l’université Paris 12
lorsque Simone Bonnafous en était présidente.
Vincent Berger
« conseiller
ESR auprès du président de la République », mais aussi président de
l’université Paris VII Diderot, rapporteur des Assises nationales de
l’enseignement supérieur et de la recherche organisées par Geneviève Fioraso et
Lionel Collet
et
l’on pourrait rajouter Jean-yves
Mérindol, finalement président de la COMUE Sorbonne Paris-Cité ou Jean-Loup Salzmann dont le principal
mérite aura été de donner satisfaction à une vieille revendication du SNESUP, la disparition
de la CPU, dont il est président, etc…
À côté, les autres groupes d'intérêts sont plus anecdotiques. Il y a le CEA, parce qu'il est à la base de l'organisation grenobloise voulue par Michel Destot, le Campus de Saclay, parce qu'il représente la quintessence de cette privatisation de l'enseignement supérieur et de la recherche au profit des grands lobbies industriels français, les deux ENS, Cachan parce qu'elle participe au projet Saclay et Ulm dont sont issus plusieurs membres du cabinet, l'UNEF, avec un poids médiatique bien plus important que son poids politique et enfin l'ENA dont on remarque surtout la quasi-disparition dans ce cabinet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire