La prochaine fois que je présenterai ma candidature comme ministre je le saurai : il faut parler de l’ANR. Près de 18.000 lecteurs en 48h, des commentaires tranchés, c’est un intérêt que mon blog n’a jamais connu… et n’avais pas pour ambition de connaître. Certes l’ANR est un sujet important, mais entre les LRU, la sélection, la redistribution des rôles entre public et privé, le budget ou les évolutions internationales du SUP, j’ai la prétention d’avoir soulevé des questions plus essentielles depuis 4 ans sans susciter le même intérêt.
Nouvelle surprise le 18 juillet : le ministère annonce la démission du directeur de l’ANR. Plus curieux encore, ce dernier se voit confier une mission sur l’évaluation des différents modes de financement public de la recherche !
Hasard du calendrier, cause ou effet ? Certains sur twitter ont cru voir un lien entre la chronique et cet événement. Je penche plutôt pour un cas de métempsychose avec la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur. L’âme de Frédérique Vidal est passée dans mon corps ; ou l’inverse. Imaginez si c’était celle de Thierry Coulhon ! Seulement la métempsychose ça ne fonctionne pas toujours très bien, alors le résultat n’est pas vraiment conforme aux attentes.
Dans cette chronique je disais que l’ANR n’est pas le pire exemple de gabegie et que le CGI est bien pire. Or, selon News Tanks, c’est M. Arnaud Torres qui assure l’intérim. Et pour ceux que ça intéresse, M. Torres est le responsable zélé des investissements du CGI et des politiques d’innovations au sein de l’ANR depuis quelques années déjà. Il manie la novlangue comme un professionnel. Avant l’ANR j’aurais fermé le CGI ! En plus M. Louis Schweitzer a fêté ses 75 ans le 8 juillet explosant les limites des limites d’âge. C’est une belle occasion de lui souhaiter une retraite que nous attendons depuis longtemps.
Ensuite je n'ai jamais parlé d'évaluer les différents modes de financement public de la recherche pour une bonne raison : cela n'a aucun intérêt. Le Crédit Impôt Recherche? L'INSEE a déjà fait le travail et montré que ces milliards n'avaient pas servi à grand chose. Ils ont été dilapidés sans contrepartie pour l'emploi. L'ANR? ma chronique et vos commentaires donnent les réponses. Quelles que soient les hypothèses un appel à projets sera toujours plus coûteux qu'une dotation récurrente. Cela ne veut pas dire qu'il faut exclure les appels à projets, à condition toutefois qu'il y ait un financement disponible ! La principale faiblesse de l'ANR est, en effet, l'insuffisance de la dotation des appels à projets génériques. Mais surtout, les appels à projets ne peuvent jouer qu'un rôle supplétif. Le système a été dévoyé le jour où, par idéologie, les gouvernements ont décidé de financer les besoins récurrents par des appels à projets.
Si on m’a lu, on m’a donc mal compris. À moins que le débat sur les appels à projets ne soit qu'un prétexte. En effet, la ministre n'a pas l'air très intéressée par les résultats de la mission qu'elle vient de confier à l'ex-directeur de l'ANR puisqu'elle annonce déjà que l’ANR « sera recentrée sur ses missions fondamentales en privilégiant l’excellence scientifique et ses débouchés vers l’innovation ». Vous la sentez venir la grosse ficelle et « l’expérimentation » pour les « universités d’excellence à rayonnement international » ? Plus d’appel à projets, on ne fera même plus semblant, on donnera directement les crédits à quelques élus de la CURIF et du CEA… business is business.
Quant aux autres, ils s'occuperont du contrat de réussite étudiante ; et encore.
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