lundi 15 décembre 2014

Triste spectacle

Bien triste spectacle que cette fin d'exercice budgétaire. Le président de la République affirme sa priorité à la jeunesse et son gouvernement supprime l'équivalent de 4 universités lors des débats budgétaires. Et quels débats!

Le parti socialiste demandait 500 millions en plus pour l'enseignement supérieur et la recherche? Les députés socialistes ont voté 482 millions de crédits en moins... problème de communication peut-être.

Des députés socialistes transformés en girouettes qui illustrent jusqu'à la caricature le qualificatif peu enviable de "godillots". Des députés socialistes qui votent un jour le budget de l'enseignement supérieur, re-votent en seconde délibération 136 millions d'euros de crédits en moins sur ce même budget, avant que la presse annonce le mercredi - à partir de fuites savamment organisées par l'exécutif à la veille de la manifestation de Science en Marche - qu'ils re-re-voteront pour rétablir 70 millions sur les 136 supprimés pour finalement re-re-re-voter 20 millions de prélèvements sur l'ANR et 4 autres sur l'enseignement supérieur et la recherche! "Mais non c'était pas autant!" m'écrit l'une d'elles, certainement de bonne foi, perdue dans ses votes successifs.

Et au milieu de cette farce pitoyable, les mêmes députés sanctuarisent des centaines de millions pour un unique projet aux relents nauséabonds de conflit d'intérêts.



Croyez-vous que la secrétaire d'État et son entourage auront compris la leçon ? Que nenni! Mme Chennevier, l'imperturbable conseillère presse et "affaires réservées" de Mme Fioraso, ancienne dircab de Michel Destot, dont la société de communication "À la verticale" travaillait aussi pour MINATEC renvoie fièrement sur twitter le message de la préfecture de l'Essonne annonçant que la secrétaire d'État inaugurera aujourd'hui la plateforme DOSÉO du... CEA-List. Le CEA-List, deuxième institut de la branche recherche technologique du CEA.

Faut-il rappeler les termes du décret plein d'autorité signé par Manuel Valls le 1er août dernier? "La secrétaire d'État chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche ne connaît pas des actes de toute nature intéressant la direction de la recherche technologique du CEA"...

Au milieu de ce marigot, des présidents d'universités tétanisés, pris entre la colère des étudiants ou de certains collègues et les trahisons du ministère ; des présidents qui s'accrochent à leur rêves de grandeur et d'autonomie et cherchent vainement dans le repli sur soi le salut leurs universités. "Je suis soulagé" déclare Jean-Loup Salzmann, obéissant tout autant qu'obséquieux président de la CPU, sans même avoir un mot pour la Recherche et les laboratoires qui font les frais des promesses de dernière minute du président de la République. Comme si les universités pouvaient se sortir d'affaire sans la Recherche et la Recherche sans les universités!

Séparer, diviser, opposer, puis soumettre, neutraliser et enfin désespérer, ... Un véritable jeu de massacre où les protagonistes offrent un mauvais spectacle emprunt d'amateurisme et de clientélisme conjugués.

Le résultat de tout cela est un immense gâchis. Que ce soit un gâchis pour le gouvernement et le Parti Socialiste ne me concerne plus, mais c'est d'abord et surtout un gâchis pour la Démocratie, qui n'en sort pas grandie, et pour les universités et la Recherche qui devront une nouvelle fois couper dans leurs budgets et "geler" ou, pour dire les choses clairement, supprimer encore des postes d'enseignants-chercheurs ou de chercheurs.
J'aurais voulu écrire quelque chose de plus optimiste pour finir l'année, mais ce ne sera pas encore pour cette fois.

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