Au stade actuel, le projet de Mme
Fioraso prévoit de modifier l’article L.719-1 du code de l’éducation en
ajoutant la phrase suivante à la fin de l’alinéa 2 : « Chaque liste est composée alternativement
d’un candidat de chaque sexe ». Le projet du gouvernement est donc de
promouvoir la parité des candidats, pas celle des élus. Or le droit actuel est
bien plus ambitieux.
Depuis la révision
constitutionnelle du 23 juillet 2008 qui prévoit que la loi favorise l’égal
accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives,
ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales, le législateur a
imposé un seuil minima de 40% de femmes dans les conseils d’administration et
de surveillance des grandes entreprises (loi n°2011-103 du 27 janvier 2011). Ce
texte a été étendu aux conseils d’administration des établissements publics, et
donc des universités, par l’article 52 de la loi n° 2012-347 du 12 mars 2012 et
sera applicable lors des prochaines élections.
Cette avancée législative est
remise en cause par le projet de loi de Mme Fioraso pour deux raisons. D’abord,
Mme Fioraso prévoit d’augmenter le nombre des personnalités extérieures nommées
par les politiques (collectivités territoriales et gouvernement à travers les
recteurs, chanceliers des universités) et de les faire participer à l’élection
du président de l’université. Aucune exigence de représentation des femmes
n’est imposée pour la désignation de ces personnalités qui constitueront entre
24% et 33% des membres du conseil d’administration, y compris pour l’élection
du président. Au contraire, les lois du 27 janvier 2011 et du 12 mars 2012 ne
distinguaient pas entre les membres nommés et les membres élus des conseils
d’administration des établissements publics pour exiger 40% de femmes ;
premier recul.
Ensuite, les élections
universitaires se déroulent par collèges et la plupart des listes n’obtiennent
qu’un élu au conseil d’administration. Si les têtes de listes sont des hommes,
la parité des candidats ne se traduit pas au niveau des élus. Même avec une
stricte parité des candidats comme le prévoit la ministre, le pourcentage de
femmes élues peut descendre à moins de 20% ; deuxième recul.
On est en droit de se demander
quelle est vraiment l’ambition du gouvernement et de la ministre de
l’enseignement supérieur et de la recherche sur la question de la parité. Le
recul sur la parité est-elle une nouvelle illustration du peu d’intérêt de Mme
Fioraso pour les universités et de l’amateurisme plusieurs fois reproché au
gouvernement Ayrault, ou la parité n’est-elle, pour Mme Fioraso, qu’un effet
d’annonce destiné à promouvoir un projet de loi qui suscite déjà un très vif
sentiment de rejet de la part des universitaires et des étudiants ? Il est
en tout cas regrettable que l’enjeu de l’égalité homme femme dans les
universités ne soit pas pris en compte avec plus de considération par un gouvernement socialiste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire