Quel
avenir pour l’enseignement supérieur? (2ème partie)
Depuis
30 ans les politiques ont repris l’équation posée par les pays
anglo-saxons : comment augmenter le nombre de diplômés tout en réduisant
le coût de l’enseignement supérieur pour l’État. En d’autres termes, comment
augmenter la rentabilité du « business »
de l’éducation supérieure, son « efficience »
comme disait Patrick Hetzel du temps de Valérie Pécresse. La France a ajouté
des variables pour augmenter la difficulté : il ne faut pas augmenter les
droits d’inscription dans l’enseignement supérieur public, il ne faut pas de
sélection, ni en L1, ni maintenant en master.
Or
l’éducation est un secteur dont le modèle économique est assez contraint.
L’étudiant est formé par des enseignants, plus d’étudiants c’est donc plus
d’enseignants. Ces étudiants sont accueillis dans un espace spécifique, plus
d’étudiants ce sont plus de m2 à construire. Il vaut mieux des cours
en petits groupes que des cours magistraux en amphis, donc plus de réussite
c’est encore plus d’enseignants, etc… A priori l’équation est insoluble :
former plus d’étudiants suppose d’augmenter les coûts.
Transformer le métier d'enseignant
Pour
résoudre l’équation, les politiques ont utilisé tous les leviers classiques. On
peut réduire les coûts en jouant sur les statuts et les salaires, mais en
réalité c’est déjà le cas. À l'université, dans certaines filières, les enseignants titulaires représentent à peine 30% des équipes pédagogiques, faute de créations de postes en nombre suffisant. Quant aux rémunérations, entre le chargé de cours payé 40€ de l’heure et le
PR classe exceptionnelle « hors échelle E » à 191€ de l’heure, l’écart est déjà substantiel.
Et je ne parle là que du secteur public…