mercredi 1 novembre 2017

Nouveaux bacheliers non-boursiers : la double peine

Mise à jour dans le texte 02/11/2017

Pour faire passer la sélection, le gouvernement a eu l'idée de faire deux réformes en une. Le projet de loi relatif à l'orientation et à la réussite étudiante restreint les conditions d'accès dans l'enseignement supérieur, mais dans le même temps il met un terme à la sécurité sociale étudiante. Chacun peut ainsi se féliciter de la réforme, la CPU qui espère négocier une vraie sélection au prix d'une partie de son autonomie pédagogique et la FAGE qui communique sur la fin du régime étudiant de sécurité sociale.

Alors qu'une nouvelle contribution étudiante voit le jour, il y aurait même un gain de pouvoir d'achat pour les étudiants! Le gouvernement s'est fendu d'une infographie, page 40 du dossier de presse, pour montrer que la nouvelle taxe permet aux étudiants de réaliser une économie. Cette infographie est truffée d'erreurs. Dans les exemples, le montant de la nouvelle contribution ne correspond pas aux taux annoncés pour chaque cycle. Mais surtout, comme une collègue vient de me le faire remarquer, elle omet de présenter les conséquences de la réforme pour les primo-entrants les plus nombreux: les bacheliers non boursiers.
Il y a une grosse, une très grosse omission dans le document présenté par le premier ministre: la réforme va coûter cher aux nouveaux bacheliers non boursiers. Pour eux le coût de l'inscription à l'université va bondir de 17,06% l'année prochaine !

Actuellement, les étudiants de moins de 20 ans non boursiers sont inscrits gratuitement dans le régime social étudiant (art. R381-17, IV C. sécu. soc.) ; ils ne gagnent donc rien avec la nouvelle réforme. En revanche ils prennent de plein fouet l'augmentation massive de la nouvelle contribution sociale, culturelle et sportive. Ils paieront l'année prochaine 38,90€ de plus pour étudier en licence à l'université. Pour eux c'est la double peine : accès plus difficile à l'université et coût plus élevé.

Et ce ne sont pas les seules victimes de la réforme. Les doctorants, bien souvent salariés comme le note ma collègue, ne cotisent plus au régime étudiants. Mais ils devront payer 150€ de contribution nouvelle. Pour eux c'est carrément 129€ d'augmentation! Quand on veut renforcer l'attractivité du doctorat c'est vraiment une super idée non ?

Quant aux universités, elles ne bénéficieront pas toutes de cette manne providentielle : plus elles accueillent de boursiers, moins elles auront d'argent pour la culture, la santé, le social et le sport! Les universités "riches" deviendront plus riches et les pauvres plus pauvres. Le symbole est désastreux et devrait au moins inciter la ministre de l'enseignement supérieur à annoncer très vite une compensation pour, a minima, ne pas pénaliser les établissements qui accueillent les étudiants les plus confrontés à la précarité.

Mais après tout ; quelle que soit la taille du boa il s'en trouvera toujours pour l'avaler.

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détail du calcul corrigé selon les données publiées dans le dossier de presse:
Aujourd'hui:
droits d'inscription = 184 €
Cotisation de sécu  = 0 €
Médecine préventive = 5,10 €
coût total = 189,10€

L'année prochaine:

droits d'inscription = 168 €
Cotisation de sécu  = 0 €
Médecine préventive = 0 €
cotisation vie étudiante = 60 €
coût total = 228 €

soit 38,90€ de plus après la réforme !

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