mercredi 20 janvier 2016

"Simplification" du SUP : les propositions pour les appels à projets

La politique suivie depuis 2007 en matière d’enseignement supérieur et de recherche est un échec patent. Censée faire « monter » la France dans le classement de Shanghai elle a provoqué une crise financière sans précédent dans les universités, les a mises sous tutelle sous couvert « d’autonomie », a rendu illisible l’offre de formation publique et privée dans le Supérieur et a promu le clientélisme au rang de stratégie dans la recherche en laissant se constituer des réseaux d’intérêts et d’influence contraires à l’intérêt général de la Nation. Une « simplification » du SUP que les gouvernements se sont employés à rendre plus complexe et plus opaque depuis près de 10 ans ne suffira pas à résoudre les problèmes. On peut néanmoins faire quelques propositions ; en voici 5 qui me paraissent essentielles.


En l’absence de thématique générale sur la gouvernance de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la consultation organisée par le secrétaire d’État, les deux premières propositions sont les mêmes pour tous les items puisqu’elles sont un préalable à tout processus de simplification et à tout progrès.

Proposition n°1 Avoir une politique claire et ambitieuse pour l’enseignement supérieur en France

Force est de constater que la France n’a plus ni politique ni ambition sur l’enseignement supérieur depuis des années. Une vision à court terme, comptable et clientéliste, l’a remplacée et se perd dans des règles tatillonnes et des slogans en novlangue pour masquer sa vacuité. Simplifier c’est d’abord clarifier, clarifier le rôle, les missions de l’enseignement supérieur en affirmant une ambition et en se donnant les moyens de cette ambition.

Proposition n°2 Nommer un ministre compétent à même de porter l’ambition du SUP

De la poule et de l’œuf : peut-on expliquer l’absence d’ambition pour le SUP en France par l’incompétence des ministres qui se sont succédés à sa tête ou l’absence d’ambition pour le SUP explique-t-elle la nomination de ministres incompétents sur le sujet ? Dans les deux cas, la simplification du SUP suppose d’avoir une ambition portée par un gouvernement et un ministre crédible, conditions rarement réunies depuis le début de la Vème République.

Proposition n°3 Investir les moyens des appels à projets dans le fonctionnement structurel des établissements et organismes

Le gouvernement a inventé la recherche « virtuelle », hors sol et sans personnels. Les appels à projets qui poussent comme le chiendent dans un champ de blé, ne prévoient pas le financement des fonctions « support », encore moins la création de postes de titulaires et ramènent les frais de gestion à des ratios symboliques. Il faudrait donc faire de la recherche sans table, sans chauffage, sans secrétariat ni service RH ou Finances et avec des personnels précaires. Il faudra, en revanche, que l’établissement et ses chercheurs passent des heures à expliquer l’usage de chaque euro pour justifier le développement de multiples « corps de contrôle », ANR, IGAENR, cour et chambres régionales des comptes, experts comptables fort coûteux et peu efficaces.

Parce que la recherche ce sont d’abord des enseignants-chercheurs, des chercheurs et un environnement administratif qui permette leur travail la « simplification » consiste à supprimer les appels à projets coûteux et peu efficaces pour financer directement le fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur publics et les organismes de recherche publique.

Proposition n°4 Supprimer l’ANR

L’ANR est devenue un « machin » dont l’essentiel de l’activité consiste à dépenser du temps et de l’argent à évaluer des projets de recherche qui ne seront pas financés ou à contrôler les maigres financements distribués. La « simplification » et un souci de bonne gestion doivent donc conduire à la suppression de l’ANR et à l’intégration de ses moyens dans le budget récurrent des laboratoires de recherche des établissements d’enseignement supérieur et des organismes de recherche.

Proposition n°5 Supprimer le Commissariat Général à l’Investissement et les IDEX

Avec les Programmes d’investissement d’avenir, le CGI s’est illustré par un conservatisme et un passéisme remarquable qu’illustre bien l’âge de ses responsables successifs. Comme s’il fallait avoir passé les 70 ans pour pouvoir imaginer l’avenir de la France!

Aucun progrès tangible, aucune innovation probante ne peut être mise au crédit du CGI qui a dépensé les millions (largement virtuels il est vrai) pour financer en pure perte, les mêmes acteurs et les mêmes filières industrielles : l’énergie (essentiellement nucléaire), les transports et l’armement, l’agro-business, les communications et l’industrie pharmaceutique.


Pour « simplifier » l’enseignement supérieur et la recherche tout en permettant le développement d’une véritable culture de l’innovation et non la reproduction des  privilèges il convient donc de supprimer le CGI et ses programmes pour réaffecter les moyens aux besoins structurels de l’enseignement supérieur et de la recherche en France.

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