Une fois encore Mme Fioraso et
son équipe auront montré hier tout le mépris dans lequel ce gouvernement tient
le CNESER et, au-delà, la démocratie universitaire.
Il y avait pourtant à l’ordre du
jour ni plus ni moins que l’examen du projet de loi de décentralisation et de
réforme de l’action publique, le fameux « acte 3 de la
décentralisation ». Le sujet devait être abordé l’après-midi. Mme
Bonnafous, DGESIP et ancienne vice-présidente de Lionel Collet à la CPU (lui-même directeur de cabinet de Mme
Fioraso, le monde est petit) a fait une apparition le matin avant de
s’éclipser, mais de ministre point, de directeur de cabinet encore moins.
A en croire l’AEF, Mme la
ministre faisait un « point presse » pour promouvoir la LRU2 et
expliquer qu’il n’y avait que « la
droite et la gauche de la gauche » pour s’opposer à son texte. A voir
la situation du président de la République et du gouvernement dans les enquêtes
d’opinion, on peut toutefois se demander s’il existe autre chose que les
think-tanks Marc Bloch ou Terra Nova entre ce que Mme Fioraso
considère comme « la droite et la
gauche de la gauche ».
Mais le mépris du gouvernement
pour le CNESER ne s’exprimait pas seulement par l’absence de la ministre.
L’ordre du jour était un vrai déni de démocratie. Le gouvernement avait, en
effet, décidé de limiter la consultation du CNESER à 3 articles relatifs à
l’enseignement supérieur sans que le CNESER puisse débattre des autres
questions de formation inscrites dans le projet.
Il y avait pourtant beaucoup à
dire sur ce projet qui confie aux régions le pilotage de la formation continue
et de l’apprentissage, la définition d’un schéma régional de l’enseignement
supérieur et de la recherche ou qui fait rentrer les régions à l’ONISEP au même
niveau que les représentants étudiants…
Il y avait beaucoup à dire aussi
sur ce qui n’apparaît pas dans le projet de loi et qui renforce l’hostilité
envers la régionalisation de l’enseignement supérieur : la moralisation de
la vie politique régionale. Alors que plusieurs présidents de région sont mis
en cause ou condamnés pour une gestion clientéliste, le projet ne comporte pas
une ligne sur la moralisation de
la vie politique régionale. Quand une université souhaite ouvrir une formation
dans le domaine de la santé, l’Agence Régionale de la Santé exige du président
qu’il produise son casier judiciaire. Un président de région peut en revanche être condamné pour
complicité de faux puis pour favoritisme et verra ses prérogatives renforcées.
Les membres du CNESER se sont opposés au procédé et ont quitté la salle refusant ce
débat tronqué. Mais qu’à cela ne tienne, les représentants du ministère ont
continué à présenter le projet devant une salle quasi-vide. Peu importe l’avis
du CNESER n’est-ce pas ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire